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Sorbitol en Syrie  Tereos attaqué porte plainte à son tour

Maître Jade Dousselin agit pour le compte de plusieurs coopérateurs dont elle a refusé de révéler l'identité. © TWITTER

L'avocate de plusieurs adhérents de la coopérative Tereos a annoncé avoir déposé une plainte contre X, le 19 mars, impliquant le groupe sucrier pour livraison de sorbitol à l'état islamique en 2017. Dans un communiqué diffusé le 20 mars, Tereos annonce à son tour porter plainte contre ces mystérieux coopérateurs.

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La coopérative sucrière Tereos a décidément du fil à retordre avec ses coopérateurs. L'affaire de la pétition de plus de 2 500 adhérents est à peine terminée, qu'une nouvelle ressurgit du passé. Il s'agit cette fois de sorbitol, un dérivé du sucre, provenant de la coopérative qui aurait été livré à l'état islamique courant 2017.

« Un dossier en béton qui leur brûle les doigts »

Maître Jade Dousselin, avocate au barreau de Paris, a annoncé au Canard enchaîné et à l'AFP que ses clients, des coopérateurs du groupe sucrier Tereos, ont déposé une plainte contre X pour « actes de terrorisme et de complicité d'actes de terrorisme » auprès du parquet anti-terroriste du tribunal de grande instance de Paris, accusant la coopérative d'avoir maintenu des livraisons de sorbitol en Syrie dans le courant de l'année 2017. Et ce alors que l'ONG Conflict Armament Research avait alerté sur la présence de sucre en provenance de l'une des usines picardes du groupe, dans un entrepôt de l'État islamique, en novembre 2016. Le sorbitol mélangé à du nitrate de potassium peut en effet être utilisé pour la fabrication de bombes artisanales. Contactée par téléphone, Maître Jade Dousselin refuse de révéler le nom de ses clients, se contentant d'indiquer qu'il s'agit de plusieurs coopérateurs qui affirment disposer « d'un dossier en béton qui leur brûle les doigts depuis qu'ils l'ont découvert il y a quelques mois ».

Tereos réagit violemment

Tereos reconnaît qu'une cargaison de sorbitol avait bien été livrée en Turquie en 2015, et s'était retrouvée un an plus tard en Syrie, dans des bâtiments de Daesh, « mais qu'il en est resté là et a ensuite pris toutes les mesures pour qu'aucune livraison ne puisse se retrouver à aucun moment dans les mains de terroristes ». Dans son communiqué diffusé le 20 mars, la coopérative réagit d'ailleurs violemment. « Face à des accusations aussi indignes, Tereos entend affirmer très fermement, le jour même de la publication de cet article, le caractère mensonger de ces accusations qui relèvent d'une seule intention de nuire à la réputation et aux intérêts économiques d'un groupe français dans un contexte de forte crise sur le marché européen du sucre, s'insurge Tereos. Depuis près d'un an et demi, il a déjà eu l'occasion d'apporter publiquement les explications nécessaires, rappelant que toutes ses livraisons de Sorbitol étaient légales et parfaitement contrôlées. »

Une plainte en dénonciation calomnieuse

Le groupe sucrier annonce qu'il « a saisi le 20 mars le procureur de la République de Paris d'une plainte en dénonciation calomnieuse, délit réprimé de cinq ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende ». Il poursuit : « Cette dénonciation calomnieuse s'inscrit dans le cadre d'une vaste campagne de déstabilisation du groupe. Obstructions systématiques, vols de fichiers, envoi de lettres anonymes, traitements illicites de données personnelles, tous les procédés sont utilisés pour désorganiser l'actuelle gouvernance du groupe. Une enquête préliminaire avait déjà été ouverte par le procureur de la République de Saint-Quentin et des investigations se poursuivent pour identifier les auteurs, complices et receleurs de cette déstabilisation. » Pour le groupe sucrier, un cap est franchi, les plaignants n'hésitant pas à instrumentaliser la menace terroriste que connaît notre pays pour servir une lutte de pouvoir.

Blandine Cailliez

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